Tous azimuts

02 janvier 2008

Civilisation et bons voeux

Ok bonne année, chacun sacrifie au rite. C'est pas désagréable d'être aimable, même au boulot! Quelques bises par ci, quelques mots gentils par là.
Mais dans le brouhaha du 31 décembre à 20h , au moment de l'apéro à l'origine de brouhaha, j'ai écouté l'omniprésident. Une seule phrase m'a fait tilt celle où il a évoqué une «deuxième étape» en 2008. «Celle d’une politique qui touche davantage encore à l’essentiel, à notre façon d’être dans la société et dans le monde, à notre culture, à notre identité, à nos valeurs, à notre rapport aux autres, c’est-à-dire au fond à tout ce qui fait une civilisation».
Le lendemain des commentateurs ont parlé de propos creux...
Faut se méfier du personnage ! On est dans le domaine de l'idéologie, et mes copains de gauche faudrait qu'ils se réveillent. Le nouveau chanoine de Latran en a une qui me glace, aussi je vous donne en lecture quelques morceaux choisis :

L'inquiétant pacte de Sarkozy au Vatican
Dans une analyse du discours et de « l’adoubement » du président français au Vatican, Christian Terras, directeur de la revue Golias, estime que « Sarkozy réimplante quelque chose qu’on croyait d’un autre âge ». « Même s’il affirme ne pas vouloir remettre en cause 1905, le projet de Sarkozy violera 1905 », explique-t-il. Décryptant les emprunts idéologiques à Le Pen et Maurras, il estime que Sarkozy est porteur d'une «vision fondamentaliste et intransigeante du catholicisme dans son rapport au monde».
Christian Terras est l’auteur de Benoit XVI ; le pape intransigeant (2005), L’opus Dei, une église dans l’église (2006), Le retour des intégristes (2007) aux éditions Golias. Il dirige le site golias.fr. et l’hebdomadaire Golias, dont un numéro consacré au discours de Sarkozy au Vatican doit paraitre jeudi 3 janvier.
Dans le prochain numéro de Golias, vous analysez la visite de Nicolas Sarkozy au Vatican. Vous l’avez intitulé «Le sermon du Chanoine Sarkozy: catholique et français toujours?»…
Christian Terras. « "Catholique et français toujours" c’est une vieille rengaine qu’on reprenait dans les églises autrefois. La marque, proprement ahurissante, du discours de Nicolas Sarkozy, c’est de ne pas parler au nom de tous les français, mais à partir d’une vision catholique très traditionnelle qu’il assume comme la sienne et celle de l’Etat français. Dans ce discours à l’église, il ne tient aucun compte des apports spirituels, humanistes, culturels non seulement des religions non catholiques, mais des religions chrétiennes – comme la réforme -, sans parler des agnostiques et des athées. Il estime du reste que l’aspiration spirituelle qui est en tout homme ne trouve sa réalisation que dans la religion. C’est donc d’entrée de jeu un parti pris, sur la base d’une sensibilité, d’une vision catholique que l’on peut qualifier de traditionaliste qu’il présente comme celle de la France. Il met aussi gravement en cause l’exercice laïc de la fonction présidentielle puisqu’il identifie son engagement politique à une vocation sacerdotale. Pour parfaire son identification personnelle aux ministres de droit divin, il est allé jusqu’à dire «sachez que nous avons au moins une chose en commun, c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié on l’est dans toutes les dimensions de sa vie, croyez bien qu’on n’est pas Président de la République à moitié, je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi même, je sais ce que j’ai fait pour réaliser à la mienne». C’est à mes yeux incroyable. La réalisation de sa mission politique, les sacrifices personnels qu’il évoquait durant la campagne électorale, sont dans le droit fil d’une vocation sacerdotale.
On a beaucoup remarqué les signes donnés au Vatican – le baise main au pape, l’allusion au baptême de Clovis…
Il donne des signes de ce qu’on appelait autrefois la chrétienté. Il s’est mis au passage à l’égal du Pape. Quand il dit «comme Benoît XVI je considère qu’une nation qui ignore l’héritage éthique religieux spirituel de son histoire commet un crime», ou encore «je partage l’avis du pape quand il considère que l’espérance est une des questions les plus importantes de notre temps»… Non content d’être le premier personnage de la France, il se met à égalité avec le premier personnage de l’église catholique romaine. Ca va très loin puisqu’il se permet de souffrir avec ceux qui ont souffert ou qui souffrent encore des lois de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, dont il est théoriquement le gardien! Il dit «je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoqué en France chez les catholiques, les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905»… Dans une espèce d’exhortation urbi et orbi, il va aller jusqu’à pâtir avec les séminaristes du séminaire français comme jamais il ne l’a fait avec aucun sans papier ou autre insignifiant du pays. Il dit aux séminaristes «Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement ou la solitude. Je sais aussi que la qualité de votre formation, la fidélité au sacrement, la lecture de la bible et de la prière vous permettent de surmonter ces épreuves»...
C’est le premier chef d’Etat français qui prend cette position…
Absolument. Dans la tradition radicale socialiste, Chirac qui était un président de droite restait frappé du bon sens de la culture traditionnelle laïque française. Même de Gaulle qui était un catholique très pratiquant ne s’était jamais risqué avec les autorités pontificales romaines ou autres autorités hexagonales à un tel mélange de genre. Jamais. De Gaulle refusait de communier par exemple parce qu’il incarnait la France dans toutes ses composantes et qu’il ne pouvait pas donner un signe ostentatoire d’adhésion à une philosophie à un credo, fusse-t-il catholique, à la nation. Il le faisait en privé. Alors que Sarkozy s’exhibe. Tout en revendiquant, dans le même discours, «la liberté ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires». Il fait allusion à l’islam et au voile islamique. Mais on pourrait se poser des questions sur ses pratiques ostentatoires présidentielles et sa vision sur la religion. Le sommet, c’est la concurrence entre l’instituteur et le curé. Je cite: «dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et la charisme d’un engagement porté par l’espérance». C’est inimaginable d’entendre ça dans la bouche d’un président de la République. Les enseignants, les pédagos de la laïque, engagés dans les écoles difficiles par exemple dans la banlieue où ils donnent de leur vie, de leur temps, de leur exigence familiale, vont apprécier. C’est un discours qu’il n’a pas écrit. Pas plus qu'Henri Guaino. D’après notre enquête, c’est un dominicain qui s’appelle Philippe Verlin. Il pose une vision fondamentaliste et intransigeante du catholicisme dans son rapport au monde. Au final, Nicolas Sarkozy nous en fait une religion à l’américaine. Les communautés avant la citoyenneté, au risque de favoriser le communautarisme.»
Est-ce que ce positionnement est lisible dans le parcours de Sarkozy?
Sarkozy n’est pas un intellectuel, c’est un pragmatique. Et sur la question religieuse, il en est à la religion de son enfance. Il n’y a pas d’évolution dans son intelligence de la foi par rapport à ce qu’on lui a transmis quand il était jeune. Il a sa propre géopolitique religieuse. Pour lui une société qui n’est pas référencée dans le sens ultime du christianisme et du catholicisme, c’est une société qui court à sa perte. Dans son livre sur la religion l’espérance et la république, c’est idéologiquement chevillé au cœur, c’est la conviction que la République ne peut pas avoir un sens ultime pour la cohésion sociale.
L’incursion de la religion en politique évoque beaucoup l’utilisation du catholicisme par Le Pen dans ses meetings…
Sans faire référence au décalogue, c’est la même chose. C’est Le Pen en plus soft. Mais cela rappelle historiquement Charles Maurras. Maurras ne croyait pas, mais il trouvait dans l’église catholique le système parachevé qui pouvait permettre à un Etat de trouver le sens de sa destinée sur terre, par rapport aux missions de Dieu, pour que les responsables politiques puissent vivre en bonne intelligence. Pour moi, Sarkozy emprunte au système maurassien. De l’utilité du système ecclésiastique pour cimenter la cohésion sociale. Je vous donne, je vous délègue, je décentralise la question du sens et cela me permet de gérer les affaires en fonction de mon programme politique. Cela veut dire aussi j’abdique ce que la République en elle même porte comme sens. La dangerosité de ce discours, c’est quelque chose qui est passé complètement sous silence pendant la campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy ne pouvait engager un débat sur la laïcité au moment des élections: cela mettait le feu aux poudres. Il ne peut le faire qu’en le distillant. C’est sa conception de la laïcité. Même s’il affirme ne pas vouloir remettre en cause 1905, le projet de Sarkozy violera 1905. C’est la première fois sous la cinquième République qu’un Président de la République écrit au pape - qui l’avait félicité pour son élection -, une lettre de quatre pages pour lui donner son programme politique à la lumière de l’éclairage de l’église et du sens spirituel. D’habitude les présidents font dix lignes.
Au sein du RPR ou de l’UMP, le discours religieux n’avait aucune place jusqu’à présent…
Sarkozy réimplante quelque chose qu’on croyait d’un autre âge. C’est sa propre vision des choses mais c’est aussi l’aspiration d’un certain nombre de catholiques de droite. Même dans un journal comme La Croix, qui conserve un certain pluralisme, on n’a pas trouvé une critique, ni même l’écho d’une critique du discours de Sarkozy. Parce que dans l’église catholique, ce discours porte. Il scelle une espèce de pacte avec les catholiques français de droite. Sarkozy met le curseur sur la religion majoritaire. Il leur promet ses faveurs. Et bien sûr, il attend un retour d’ascenseur. Il leur parle de «participer à la pacification» de l’hexagone. Il leur dit «Je vous soutiendrais pour participer au débat et à la mise en œuvre des lois sur la bio éthique». Et il espère un soutien pour «son grand dessein de la Méditerranée» qui rencontre l’intérêt du Saint Siège par exemple. Rien n’est gratuit. Ce n’est pas uniquement convictionnel. C’est aussi pour obtenir des cathos une alliance et une mobilisation sur les sujets sensibles. Dans certains sites cathos, non pas intégristes mais traditionalistes, Nicolas Sarkozy est présenté comme le personnage providentiel dont la France chrétienne avait besoin. A travers ce discours au Latran, il est perçu comme celui qui sur le plan sociétal et civilisationnel, va faire se rencontrer la République et l’Eglise. On n’est pas dans la théocratie, mais je crains qu’on ne s’oriente à terme à une remise en cause inquiétante de la laïcité française.
Quelle importance accordaient les autres présidents français au titre de chanoine de Latran?
L’insignifiance totale pour les précédents. Par contre, avec l’accueil du cardinal Vicaire de Rome Camillo Ruini à la basilique de Latran, Nicolas Sarkozy s’est glissé dans le lit du corps ecclésiastique. Comme chanoine de Saint-Jean-de-Latran, il a même remercié le cardinal Ruini de le recevoir en son chapitre – c’est la communauté des chanoines, le chapitre. En son chapitre! Il prend possession de Saint-Jean-de-Latran, compte tenu de ce que ce rite désuet lui donne symboliquement comme fonction. Mais de ce rite désuet et symbolique, il en tire un argument politique. Monseigneur Ruini, je vous reçois chez moi à Latran. Et chez moi, à Saint-Jean-de-Latran, je vais vous parler, au sein de mon chapitre, et je vais vous donner mon programme, sur les rapports entre la religion, la politique et l’espérance. Et ça c’est très fort, parce qu’il politise un symbole. Par cette solennité, cette prise de possession des lieux, il en a fait un adoubement. Avec Sarkozy, on a un président qui est missionné presque mystiquement aujourd’hui. La réaction des cardinaux présents montraient qu’il était adoubé pour être pour le Vatican l’un des grands hommes d’Etat de la planète qui portera les valeurs du catholicisme. Cet adoubement là n’a jamais eu lieu avec les autres présidents de la République.
Propos recueillis par Karl Laske

A lire aussi l'excellente essayiste : Caroline Fourest

Sarkozy contre la laïcité à la française

Sarkozy sera le bras droit du Vatican contre la laïcité à la française

Conformément à ce qu'il écrivait déjà dans son livre, La République, les religions et l'Espérance (Cerf), Nicolas Sarkozy a profité de sa rencontre avec Benoît XVI pour réitérer sa volonté de faire évoluer la laïcité à la française — jugée sectaire, "épuisée" voir guettée par le "fanatisme"... celui des laïques ! — vers une laïcité plus "positive".

Il a ainsi appelé à "l'avènement d'une laïcité positive, qui tout en veillant à la liberté de pensée, à celle de croire ou de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout". Par "positive", entendez plus anglo-saxonne, plus ouverte au religieux, plus favorable aux nouveaux mouvements spirituels, c'est à dire aux sectes...

Lorsqu'il était ministre de l'intérieur, son interprétation de la laïcité "positive" a été le cauchemard des associations anti-sectes et des laïques refusant de voir l'"espérance spirituelle" remplacer l'"espérance sociale", notamment dans les quartiers populaires. C'est confirmé. Ce cauchemar sera également la ligne du président de la République française, élu pour cinq ans, et qui souhaite "revaloriser" les racines chrétiennes de la France.

5 Comments:

  • On commence à s'inquiéter des conséquences pratiques de ces positions :


    Jean-Michel Quillardet est le grand maître du Grand Orient de France (GOF), qui se présente comme «la première obédience maçonnique française» avec 50 000 adhérents. Le GOF s’est récemment «inquiété» dans un communiqué des propos tenus par Nicolas Sarkozy le 20 décembre lors de sa visite au Vatican, lui reprochant sa «volonté de présenter le fait religieux comme constitutif de l’identité politique et citoyenne, ce qui pourrait entraîner une sérieuse inflexion du modèle républicain français». Jean-Michel Quillardet s’explique.


    Qu’est-ce qui vous choque dans les propos de Nicolas Sarkozy ?


    Ce concept de «laïcité positive», qui veut que les religions soient désormais considérées comme un atout et qu’il faille rechercher un dialogue avec elles, ouvre une brèche inquiétante dans le pacte républicain et laïc. C’est la première fois qu’un président de la République affiche cette nouvelle conception des rapports entre l’Etat et la religion.


    Dans une société aussi matérialiste que la nôtre, n’y a-t-il pas chez les gens un besoin de sens qui doit être pris en compte ?


    La quête de sens ne passe pas nécessairement par les religions. Cela me choque quand Nicolas Sarkozy dit que «la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme lorsqu’elle n’est pas associée à une aspiration qui comble l’aspiration à l’infini». Derrière ça, il y a une idéologie très américaine.


    Les positions de Sarkozy sont connues, il les avait exprimées dans la République, les Religions, l’Espérance (éd. Cerf, 2004)…


    Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a été plus en retrait sur la modification de la loi de 1905, sur la séparation des Eglises et de l’Etat, et le rapport Machelon [commandé par Sarkozy, il préconisait un toilettage de ce texte, ndlr]. Là, nous sentons que quelque chose se prépare.


    Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?


    Michèle Alliot-Marie nous a reçus le 3 décembre, elle nous a dit que, dans le rapport Machelon, «il y a quelques idées intéressantes». Elle regarde s’il est possible de faire passer les associations du statut cultuel, interdisant tout subventionnement public, au statut culturel, l’autorisant. Jean-Pierre Raffarin a aussi déclaré dans une interview au Figaro qu’«il faudra compléter la loi de 1905».Nous avons demandé un rendez-vous au président de la République, on verra bien s’il nous reçoit.


    Vous êtes opposés à toute modification de la loi de 1905, mais alors comment aider les musulmans à combler leur retard en lieux de culte ?


    Les deux premiers articles, aux termes desquels «l’Etat ne reconnaît ni ne salarie aucun culte», et «l’exercice des cultes est libre»,ne sont pas modifiables. Mais nous ne sommes pas hostiles aux baux emphytéotiques, de très longue durée, ni à la création de la Fondation pour les œuvres de l’islam [créée le 16 octobre, elle est notamment destinée à financer la construction de mosquées].


    A part le Grand Orient de France, peu de groupes constitués se sont insurgés contre les propos tenus par le président de la République…


    François Bayrou, qui a estimé que le concept de «laïcité positive» avancé par Nicolas Sarkozy «remet en cause la conception de la laïcité républicaine» et favorise un retour à la religion «opium du peuple», ainsi que François Hollande, ont protesté.

    By Anonymous Anonyme, at 09:38  

  • JE FREMIS A L'IDEE QUE TU PUISSES AVOIR RAISON !

    BONNE ANNEE TOUT DE MEME EN DEPIT DE CES SOMBRES PRESAGES!

    Guy

    By Anonymous Anonyme, at 09:40  

  • ° à mes yeux d'athé c'est tellement évident....
    je crains les dérives communautariste religieuses ou autres
    cela fait des années que je sens ce phénomène monter
    je ne doute pas qu'un jour nous ayons des listes comme telles aux élections...peut être aux municipales....
    Gil

    By Anonymous Anonyme, at 09:43  

  • Le chanoine et la République

    samedi 22 décembre 2007


    Communiqué de La Paix Maintenant

    22 décembre 2007



    Jeudi 20 décembre 2007, à Rome, en réponse au discours du cardinal qui venait, selon la tradition, de le faire chanoine honoraire de l’église Saint-Jean de Latran, un Président de la République française « décomplexé » (l’un de ses mots favoris) a livré une vision de la France tout aussi décomplexée.

    Bien qu’en cette occasion, il s’adresse spécifiquement aux chrétiens, il reprend dans son discours une version communautariste de la France déjà annoncée dans un livre d’entretiens publié en 2004, soit bien avant les élections. En substance : aux chrétiens leurs curés ou pasteurs, aux musulmans leurs imams, aux juifs leurs rabbins, et les Français seront bien gardés (ce qui donne, dans le discours de Latran : « La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres n’ont pas rendu les Français plus heureux. C’est une évidence. »)

    Ah, la disparition des patronages... Voilà donc la cause de nos maux.

    Chaque passage du discours de M. Sarkozy serait à reprendre. Fort heureusement, les répliques et les analyses ne se sont pas fait attendre.

    Nous nous en tiendrons ici à un seul point : l’école républicaine.

    M. Sarkozy a notamment déclaré : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »

    La Paix Maintenant tient à réaffirmer son attachement aux valeurs de la République. Et la laïcité est l’une de ses valeurs principales, comme le rappelaient, il y a peu encore, la Commission présidée par Bernard Stasi et le rapport remis en 2004 au Conseil d’Etat.

    M. Sarkozy n’hésitant pas à gommer en quelques phrases plus d’un siècle d’histoire de la République, nous lui répondrons par quelques autres phrases, prononcées en 1903 par le radical Ferdinand Buisson (1841-1932), qui fut directeur de l’enseignement primaire, président de la Ligue des droits de l’homme et lauréat, en 1927, du prix Nobel de la paix.


    Ferdinand Buisson
    C’est lors d’un discours au congrès radical que Ferdinand Buisson prononça ces quelques phrases qu’il est bon de rappeler aujourd’hui. Affirmant qu’« on ne fait pas un républicain comme on fait un catholique », il expliquait : « Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit [...] et lui donner l’idée qu’il faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite. [...] Croire, c’est ce qu’il y a de plus facile, et penser, ce qu’il y a de plus difficile au monde [...] il ne s’agit de rien moins que de faire un être libre [...]. » [1]

    M. Sarkozy, dernier extrait ici : « Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d’intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. ».

    M. le Président de la République, il n’est pas nécessaire d’être croyant pour espérer. Si tel était le cas, nous ne serions pas nombreux, à La Paix Maintenant, à espérer et à lutter pour l’avènement de la paix au Proche-Orient.

    Un mot encore, M. le Président. Espérer, c’est bien, mais encore faut-il s’entendre sur le contenu de cette espérance. Nous croyons devoir vous rappeler qu’au Proche-Orient, par exemple, l’espérance de nombreux hommes qui croient n’est pas la nôtre. En revanche, de nombreux hommes qui, eux, ne croient pas, partagent avec nous la même espérance.

    La Paix Maintenant

    By Anonymous Anonyme, at 23:04  

  • cher Francis , avec toi de tout cœur nous bouffons du curé, ça devient
    heureusement une denrée rare (mais toujours plus ou moins avariée).
    Jacques

    By Anonymous Anonyme, at 18:26  

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